Un nucléaire durable et sécurisé
Un article de Jean- Luc Alexandre, président fondateur, Naarea paru dans le livre blanc « Accélérer et financer l’industrialisation durable de l’Afrique »
La transition énergétique doit être appréhendée de façon globale en considérant l’ensemble de la planète. Raisonner en évoquant uniquement les émissions de carbone de la France n’a pas de sens, même si notre pays est en avance par rapport au reste du monde en raison de son énergie en grande partie décarbonée.
Le rôle des entreprises
Le modèle le plus efficace repose sur des États qui créent les conditions favorables à la transition énergétique et laissent la main aux entreprises pour la mise en œuvre. L’État doit donner des incitations pour la transition énergétique.
C’est l’économie qui gouverne le monde et qui doit apporter des solutions. Les acteurs qui génèrent le plus de pollution et qui ont les moyens d’agir durablement sont les entreprises. Si nous voulons aller vite, les entreprises doivent supporter le coût de la transition énergétique. Les entreprises doivent donc prendre l’initiative en proposant des nouvelles solutions en s’appuyant notamment sur leurs sources de financement.
La décentralisation de l’énergie
Actuellement, nous produisons l’énergie à un endroit – électricité, gaz ou pétrole – et nous la consommons le plus souvent à des centaines ou des milliers de kilomètres. Nous avons donc besoin de lourdes infrastructures pour transporter cette énergie.
Or, la demande d’électricité va être multipliée par quatre au cours des trente prochaines années. Rien qu’en France, le déficit énergétique d’ici trente ans sera à minima deux fois supérieur à la consommation actuelle. En outre, les réseaux électriques existants sont déjà saturés et il n’est pas envisageable de les multiplier par quatre pour répondre à la demande. Bientôt huit milliards de personnes aspireront à avoir le même mode de vie que celui de la classe moyenne en Occident aujourd’hui. Si l’économie mondiale veut répondre à cette aspiration, la demande en énergie ne cessera de croître.
La seule solution est de cesser de massifier la production d’énergie et de la décentraliser pour la produire localement, c’est-à-dire au plus près des consommateurs. Le nucléaire doit permettre de combler ce déficit tout en continuant d’afficher un bilan carbone national exemplaire.
Le modèle NAAREA
NAAREA est une entreprise française qui met en place une approche inédite de la production énergétique : le déploie- ment d’une électricité décarbonée, décentralisée, abondante, sûre, propre, autonome et économique.
NAAREA conçoit un micro générateur nucléaire capable de produire de l’électricité et de la chaleur à partir des combustibles nucléaires usagés issus de la filière conventionnelle et actuellement entreposés à défaut d’utilisation. Le XAMR (eXtrasmall Advanced Modular Reactor) de NAAREA permet donc la fermeture complète du cycle du combustible grâce à un réacteur nucléaire innovant de génération IV à sels fondus, neutrons rapides capable de produire quelques dizaines de mégawatts. La technologie de NAAREA est la plus avancé de la Gen IV puisque les SMR (Small modular reactor) produisent quelques centaines de mégawatts mais continuent de brûler de l’uranium qu’il faut extraire des ressources naturelles de la Terre et qui contribuent à dégrader le monde du vivant.
Grâce à sa petite taille, le XAMR sera produit en série en usine et déployé au plus près des consommateurs d’énergie élec- trique ou thermique pour servir directement les usages des industriels et des territoires.
La solution NAAREA agrège trois caractéristiques « disruptives » pour un nouveau modèle de consommation énergétique durable : l’utilisation de matières radioactives usagées comme combustible ; un réacteur modulaire de très petite taille ; la technologie de la fission dans des sels fondus. Ces trois caractéristiques permettent d’obtenir une énergie à bas coût, accessible pour tous et offrant une sûreté et une efficacité inédites. Un contrôle à distance permanent offre la possibilité de surveiller, d’intervenir et de neutraliser le réacteur à la moindre alerte ou menace détectée. Les sels fondus offrent enfin d’exceptionnels atouts de pilotabilité et se positionnent comme complément optimal des énergies renouvelables et des usages industriels. Le modèle économique de NAAREA est celui d’un fournisseur d’énergie avec contrat de performance. NAAREA restera propriétaire de ses micro-générateurs en toutes circonstances afin de garantir leur sécurité, leur sûreté, leur maintenance et leur parfaite exploitation. L’ensemble des coûts fixes et variables, de fabrication, de maintenance, d’exploitation et de combustible sera porté par NAAREA. Seul l’usage de l’électricité produite sera facturé aux clients.
L’avenir du nucléaire sans déchets
Les énergies renouvelables – éolien ou photovoltaïque par exemple – sont intermittentes c’est pourquoi il est nécessaire de trouver des solutions complémentaires. Parallèlement, nous avons besoin de gros réacteurs pour fournir la charge fixe de notre alimentation électrique mais les retards pris sur l’EPR rendent indispensables des déploiements complémentaires de nature à consolider notre indépendance énergétique.
Le nucléaire durable, sans déchets, est complémentaire du nucléaire conventionnel car il permet de soulager le réseau tout en fermant complètement le cycle du combustible. Le XAMR de NAAREA est un complément indispensable au mix énergétique afin de disposer d’une énergie entièrement décarbonée.
Les réacteurs XAMR seront disponibles en 2030 et auront une capacité de production de 40 mégawatts (MW), ce qui correspond à la consommation de 100.000 foyers ou d’une ville de 250.000 habitants. À terme, NAAREA sera en mesure de fabriquer 400 réacteurs XAMR par an.
Le premier risque pour NAAREA est celui de l’acceptabilité sociétale. C’est pourquoi le monde du vivant doit faire partie de la gouvernance des réacteurs. Le deuxième risque est celui de la réglementation et de ses contraintes. La France dispose de l’une des Autorités de Sûreté nucléaire les plus fiables et rigoureuses au monde.
L’Europe ne peut plus être dépendante des ressources énergétiques ou des technologies d’autres grandes puissances. Elle doit recouvrer la maîtrise de sa production électrique afin de garantir son indépendance énergétique et sortir rapidement des énergies fossiles en intégrant les technologies de demain. Grâce à une technologie comme celle du XAMR, l’Europe est capable de retrouver sa souveraineté énergétique en disposant de toute l’énergie nécessaire.