Google Gemini, une IA assoiffée ?
En juillet 2024, Google, Prométhée des temps modernes, publiait son bilan carbone de 2023 : 14.3 millions de tonnes de CO2 ont été émises par le géant américain. Déjà accusé de greenwashing, le groupe promet cette fois-ci de parvenir à des émissions nettes nulles dans l’ensemble de ses activités d’ici à 2030. L’objectif aurait pu sembler ambitieux s’il n’était autant irréaliste.
Car Google affiche aujourd’hui la volonté de se hisser parmi les leaders mondiaux de la recherche en IA, en sortant en février 2024 une nouvelle version de Gemini. Encore une fois, développement technologique ne rime pas avec soucis de l’environnement ! Paradoxalement si elle est la plus sensibilisée aux dégâts écologiques que génère le numérique, la plus grosse consommatrice des chat-bot est bien la GenZ. Nouvelle Pandore, la génération des personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, multiplie les vidéos TikTok ces dernières semaines pour expliquer comment utiliser ChatGPT ou Gemini pour répondre à toutes ses problématiques de manière personnalisée (rédiger un mail, préparer ses repas de la semaine ou mettre en place un programme de leçons de langue).
Pour rappel, une requête sur Gemini consomme 10 fois plus d’énergie que la même recherche sur le moteur de recherche de Google. Les data centers, déjà énergivores, explosent désormais leurs consommations en électricité et en eau. Plus l’utilisation des serveurs augmente, plus la chaleur monte. Très sensibles aux variations de températures, les installations doivent être rafraîchies par un système de refroidissement à eau. La construction prochaine d’un data center par Google en Uruguay sera-t-elle la goutte d’eau qui fera bouger les lignes ?
En effet, à cause de l’une des plus grandes sécheresses connues par le pays, qui dure depuis 3 ans déjà, près d’1.5 millions d’uruguayens n’ont plus accès à l’eau depuis juin. Le projet de data center, déjà présenté par Google comme le futur hub mondial pour les utilisateurs de ses services, prévoit d’utiliser 7,6 millions de litres d’eau par jour, prélevés sur le réseau public d’eau potable. Le géant américain a répondu aux critiques en rappelant que “Chez Google, le développement durable est au cœur de tout ce que nous faisons, y compris la conception et la gestion de nos centres de données.”
La prochaine version de Gemini, qui pourrait générer en plus sur les images, ne risque pas de diminuer ses besoins en eau. Avec toute l’eau qu’elle consomme, l’IA peut-elle apprendre à nager ?
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