L’invasion du numérique dans le ferroviaire

invasion numérique

05 avril 2018

D’ici 2020, plus de 50 milliards d’objets seront connectés et presque 40% des données échangées le seront entre machines sans intervention humaine. L’expansion du numérique attire de plus en plus l’attention des secteurs économiques, et plus particulièrement celle du secteur ferroviaire. Dans un marché concurrentiel et prochainement libéralisé, les entreprises ferroviaires se saisissent du numérique comme d’un levier clé de transformation et de différenciation.

LE NUMÉRIQUE, UN FORMIDABLE ACCÉLÉRATEUR DE PERFORMANCE INDUSTRIELLE …

La maintenance est un enjeu de taille pour l’entreprise : chaque minute passée immobilisée entraine des coûts importants. Le couplage de technologies d’analyse de données (BigData…) et d’IoT Industriel (capteurs placés le long des rails…) permet l’émergence d’une nouvelle forme de maintenance : la maintenance prédictive. Celle-ci consiste à détecter une panne avant qu’elle ne se produise. Cette maintenance « numérique » constitue un réel atout pour les entreprises ferroviaires car elle réduit les coûts (jusqu’à 15 % des coûts de maintenance dans le meilleur cas) et évite de nombreux incidents (selon la SNCF, ces technologies permettront de prédire les pannes avec 30 minutes d’avance). Des initiatives de maintenance prédictive ont d’ailleurs déjà été réalisées et furent concluantes. Par exemple, entre 2012 et 2014, le métro de Singapour, où la maintenance prédictive a été appliquée, a vu son nombre d’incidents d’exploitation supérieurs à 5 minutes réduit de 60%.

L’entreprise ferroviaire française, quant à elle, a mené plusieurs projets de maintenance prédictive des matériels roulants. Parmi eux, le module de suivi du niveau d’eau claire sanitaire dans les TGV a permis de réduire à la fois le nombre d’incidents sanitaires (d’environ 20%) et le nombre de remplissages nécessaires en ne facturant uniquement que ce qui est consommé.

… AVEC UN FORT POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DE LA QUALITÉ DE SERVICE

Le numérique, sous la forme d’une géolocalisation, d’un comptage de voyageur ou encore d’un accès à Internet, représente également un atout indéniable à l’amélioration de la qualité de service proposée au voyageur. Dans un monde où chacun souhaite maitriser son emploi du temps au plus près, ces formes de numérique sont des avantages non négligeables. En effet, la géolocalisation permettra au voyageur de visualiser sur des écrans en temps réel où il se trouve et ainsi de juger de l’heure estimée de son arrivée, tout en étant prévenu de possibles perturbations à tout moment. Le comptage de voyageur, quant à lui, optimisera les stratégies de remplacement (autres trains, bus…) mises en place lors d’accidents. Enfin, l’accès à Internet permettra à l’usager de rester connecté, facteur décisif dans l’évaluation de la satisfaction du voyageur de nos jours.

A ce titre, la SNCF a lancé le programme « Internet à bord » en 2016 avec TNP comme assistance à direction de programme. L’ambition affichée est de fournir gratuitement à l’ensemble des voyageurs à bord des TGV un accès à internet, en relevant le défi de la connectivité à 300 km/h. Avec plus de 5 M de visiteurs depuis l’ouverture du service et des pics journaliers à plus de 50 000 visiteurs, l’internet à bord a été désigné premier pilier digital du label de qualité InOui.

UNE INVASION PORTÉE PAR LES ACTEURS DU SECTEUR

Cette invasion du numérique dans le secteur est portée par des acteurs historiques. En Allemagne, la Deutsche Bahn (DB) souhaite pleinement tirer profit de la révolution numérique à laquelle assiste notre monde. A ce titre, la DB a investi près d’un milliard d’euros en 2017 dans des projets numériques. Elle a également créé un laboratoire de recherche numérique (d.Lab) et un incubateur de start up (MindBox). En France, la SNCF, consciente elle-aussi des enjeux du numérique, a lancé « Digital pour Tous » depuis 2015, un programme de transformation digitale dont l’objectif est d’enrichir les expériences client, salarié et d’améliorer la productivité industrielle. De plus, un partenariat d’innovation a été signé en 2016 entre l’Etat français, la SNCF et ALSTOM afin de construire le TGV du futur, train résolument numérique.

Le numérique sera un pilier du secteur ferroviaire dans les années futures. Les entreprises ferroviaires sont conscientes des apports du numérique et établissent de nombreuses stratégies en vue de rendre le train du futur numérique. L’invasion ne fait donc que commencer.

Raphaël GALVEZ
RAPHAËL GALVEZ
CONSULTANT

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