Câbles sous-marin, un nouveau pas vers la souveraineté nationale ?

Deux actualités récentes attirent notre attention sur un réseau invisible mais essentiel, les câbles sous-marins. Début novembre, l’Etat français a racheté ASN (Alcatel Submarine Networks) l’un des leaders mondiaux du marché des câbles sous-marins. Une activité considérée comme stratégique, comme le démontre l’inquiétude soulevée, il y a quelques jours, par l’endommagement d’un câble dans la mer Baltique.

Infrastructure essentielle d’internet, les câbles sous-marins transportent plus de 90% des données mondiales. Leur contrôle est donc crucial pour garantir une indépendance numérique. Ces réseaux ne sont pas seulement « des autoroutes de données », ils sont également stratégiques pour la souveraineté des Etats. Contrôler l’accès à ces câbles peut fournir un levier géopolitique dans des contextes de tensions internationales.

Les grands acteurs dans ce domaine sont américains, chinois ou japonais. La France a accumulé du retard face aux géants du numérique américains (Google, Meta, Amazon et Microsoft), et à la Chine via HMN TECH (anciennement Huawei Marine) qui tisse son réseau vers l’Afrique et l’Amérique latine.

Par le rachat de ASN, la France espère donc reprendre en main sa souveraineté numérique. En effet, cette entreprise contrôle aujourd’hui environ 1/3 du marché mondial. La France peut aussi compter sur la position clé de Marseille qui incarne cette stratégie avec 18 câbles sous-marins connectant l’Europe à l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient. Ainsi, la France aspire à garantir sa souveraineté numérique et à offrir une alternative crédible à la domination américaine et chinoise. L’acquisition par la France de cette société s’inscrit également dans un programme plus vaste au sein de l’Union Européenne de sécurisation des câbles sous-marins.

L’enjeu stratégique des câbles sous-marins est perceptible au travers des tensions internationales et des incidents récents tels que le sabotage du gazoduc Nord Stream en 2022. Des activités suspectes de navires russes et des craintes d’espionnage chinois intensifient ces enjeux. Le mardi 19 novembre 2024, c’est un câble sous-marin reliant la Finlande au reste de l’Europe qui a été endommagé. A l’heure où l’on écrit ses lignes, la cause est encore inconnue mais l’Allemagne et la Finlande n’excluent pas un sabotage russe ou chinois.

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Hugo Velluet Consultant Data Gouvernance