L’urgence d’une sobriété numérique face à la consommation croissante de métaux critiques

Loin d’être immatériel, le numérique repose sur une consommation massive et croissante de métaux. Une récente étude de l’Ademe (Agence de la transition écologique), met en lumière les enjeux stratégiques et environnementaux liés à cette dépendance, dans un contexte de forte demande mondiale en métaux.

Les réseaux consomment d’importantes quantités de cuivre, tandis que les équipements numériques (smartphones, tablettes, serveurs, objets connectés) nécessitent des métaux rares et précieux comme le tantale, le gallium, le germanium ou l’or. Ces matériaux, bien que consommés en faibles quantités, sont indispensables en raison de leurs propriétés uniques qui amplifient les performances technologiques. Cependant, leur extraction et leur raffinage, génèrent d’importants impacts environnementaux : consommation énergétique élevée, émissions de gaz à effet de serre, pollution des ressources aquatiques et augmentation du stress hydrique dans les pays producteurs.

Cette dynamique s’inscrit dans une trajectoire de croissance exponentielle. À l’horizon 2050, l’Ademe prévoit une hausse de consommation impressionnante : + 3 000 % pour le gallium ou + 682 % pour l’yttrium.

Parallèlement, France Stratégie, souligne que la croissance des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) suit la même tendance. En 2022, ces déchets ont atteint 62 millions de tonnes, dont un quart provient du numérique. Mal gérés, ces déchets sont souvent brûlés, exportés illégalement ou laissés en décharge, aggravant les risques environnementaux.

Le recyclage, traditionnellement promu comme solution, reste insuffisant. Si les métaux précieux comme l’or sont relativement bien recyclés, les petits métaux, le sont très peu. En conséquence, la sobriété numérique s’impose comme une réponse incontournable.

L’étude de l’Ademe appelle à des choix technologiques responsables, combinant éco-conception, mutualisation des équipements et priorisation des services utiles. Sans une action immédiate, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement, couplées à l’impact écologique et à une gestion insuffisante des déchets, pourraient compromettre la transition énergétique et numérique.

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Hugo VelluetConsultant Data Gouvernance