La tête dans le guidon, la science en action : quand l’aérodynamique fait gagner des médailles

Le partenariat entre TNP et la Fédération Française de Cyclisme (FFC) marque une alliance innovante entre technologie et sport. Franck Giraud explique comment ce projet vise à développer des chaussures sur-mesure pour optimiser les performances des sprinters en compétition. TNP apporte son expertise pour analyser les comportements et réduire les blessures. Ce partenariat prometteur incarne la quête d’excellence du cabinet, alliant technologie avancée et respect de la santé des athlètes.

Un article de Emmanuel Brunet, Manager Recherche & performance, Fédération française de cyclisme (FFC).

En cyclisme sur piste, les vitesses atteintes varient entre 50 et 80 km/h, en fonction des épreuves et des moments clés de la compétition. Lors des épreuves en peloton, les moyennes flirtent avec les 60 km/h chez les hommes. Si la force physique nécessaire pour transférer une énergie colossale sur les pédales est indéniable, la stratégie et l’aérodynamique sont tout aussi cruciales.

L’importance du guidon dans la quête de la performance

En effet, 90 % de l’énergie déployée par les cyclistes est utilisée pour vaincre la résistance de l’air, dont la majeure partie est causée par la position du cycliste lui-même. C’est pourquoi adopter une posture optimisée devient essentiel, non seulement pour maximiser la vitesse dans les moments décisifs, mais aussi pour économiser de l’énergie lors des phases plus calmes de la course.

Le choix et le réglage des guidons sont donc des aspects essentiels pour améliorer la performance. Dans cette optique, TNP, en tant que financeur de l’étude et contributeur scientifique, a collaboré avec la Fédération française de cyclisme (FFC) pour soutenir des travaux de recherche et développement axés sur l’ergonomie du matériel utilisé par les athlètes en lice pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.

Comprendre l’athlète pour choisir le bon matériel

La cellule performance de la FFC ne s’est pas limitée à sélectionner le matériel le plus aérodynamique disponible. Elle a également cherché à mieux comprendre les comportements et les ressentis des athlètes et à anticiper les impacts de l’utilisation de différents équipements.

Les études menées en soufflerie n’ont pas permis de conclure qu’un modèle de guidon était systématiquement plus performant qu’un autre du point de vue aérodynamique. En effet, le design du guidon, dans une épreuve d’endurance, n’a pas une importance cruciale tant que la position reste identique. Toutefois, les guidons équipés d’appendices permettant de poser les mains et d’adopter des positions plus aérodynamiques se sont avérés offrir un ressenti différent et une meilleure capacité des athlètes à maintenir ces positions lors d’efforts prolongés.

Des tests en soufflerie pour valider les choix

Ces recherches ont été menées à deux reprises avec deux athlètes de l’équipe de France, dont l’un était remplaçant pour les JO de Paris 2024. Les athlètes ont eu l’opportunité de comparer différentes configurations de guidons dans la soufflerie de l’Institut Aérotechnique de Saint-Cyr-l’École, partenaire de la FFC.

Les résultats ont montré que l’adoption de positions plus aérodynamiques réduit effectivement la traînée, tandis que se redresser l’augmente. Si les athlètes de haut niveau sont déjà conscients de ces aspects et ajustent instinctivement leur position en fonction des phases de la course, ils ont été surpris de constater que les guidons avec appendices ne sont pas toujours plus aérodynamiques, bien qu’ils facilitent ces positions. L’impact réel sur la performance ne peut être mesuré que dans les conditions de course réelles, notamment sur la durée.

Un choix stratégique pour les cyclistes français

Face à ces observations, les athlètes de l’équipe de France, en concertation avec leur staff et la cellule performance de la FFC, ont décidé d’utiliser un guidon doté d’appendices. Ce choix vise à faciliter l’adoption de positions aérodynamiques dans les moments stratégiques de la course, tout en permettant les ajustements nécessaires dans les autres phases, comme le passage de relais en madison, l’utilisation des mains dans le creux du cintre lors des sprints, ou encore des positions plus relâchées pendant les transitions.

L’adoption de ce guidon plus ergonomique permet non seulement de réduire la dépense énergétique, mais aussi de diminuer la fatigue, des éléments cruciaux dans les courses en peloton. Ce travail minutieux a notamment permis à Benjamin Thomas, grâce à une position « parfaite » dans l’omnium, de s’adjuger le titre olympique à Paris, venant s’ajouter à son impressionnant palmarès international.

Benjamin Thomas, champion olympique de l’omnium

Benjamin Thomas est un coureur cycliste performant à la fois sur route et sur piste, deux disciplines qu’il pratique simultanément durant la saison, ce qui le singularise dans le peloton français de sa génération.

Sur piste, il participe aux épreuves d’endurance que sont la course aux points ou l’américaine ainsi qu’à l’omnium, trois spécialités sur lesquelles il a au moins un titre mondial. Il y est surnommé « la calculette ».

Son palmarès comprend notamment cinq titres de champion du monde : l’omnium en 2017 et 2020, la course à l’américaine en 2017 et 2022 et la course aux points en 2021. Il est aussi nonuple champion d’Europe de cyclisme sur piste. Sur route, il est notamment champion de France du contre-la-montre en 2019 et 2021. Il remporte également la 5e étape du Tour d’Italie 2024. La même année, il remporte l’omnium lors des Jeux olympiques de Paris.

Crédits : Patrick Pichon / FFC

Emmanuel Brunet Manager Recherche & performance chez Fédération Française de Cyclisme (FFC)
Emmanuel Brunet Manager Recherche & performance chez Fédération Française de Cyclisme (FFC)