La mise en œuvre de FRTB

Un article de Fabrice Roche, directeur associé, TNP,  paru dans le Livre Blanc « Bâtir une Europe financière souveraine »

Les réglementations ont constamment mis les banques au défi de s’aligner sur les technologies actuelles et futures dans tous les secteurs. Aujourd’hui, un des objectifs consiste à envisager d’utiliser l’intelligence artificielle, comme par exemple des solutions de deep-learning, pour adapter les systèmes d’information à notre environnement en constante évolution. La mise en œuvre de ces solutions pour la revue fondamentale du trading book (FRTB : Fundamental Review du Trading Book) sera l’un des grands défis pour l’industrie financière et ouvrira des opportunités pour le secteur afin de définir et de proposer de nouvelles méthodes innovantes pour se conformer aux réglementations.

2022 à 2023 : la gestion de l’architecture est toujours en cours

Depuis 2012, le cadre méthodologique FRTB n’a cessé d’évoluer. Ceci concerne à la fois l’approche standard (SA : Standardized Approach) et l’approche par modèle interne (IMA : Internal Model Approach). Les discussions entre l’industrie bancaire (banque et fournisseurs de données) et le Comité de Bâle, responsable de la règlementation sur les exigences en fonds propres (CRR : Capital Requirement Regulation), sont toujours en cours pour finaliser Bâle III pour sa mise en œuvre.

Par exemple, il y a toujours une incertitude sur l’alignement entre FRTB-SA et les analyses de risques utilisées pour le suivi des activités de trading. Les banques étant plus confortables avec leur analyse des risques, jugée plus pertinente en termes de réalité économique. Néanmoins, le secteur bancaire est prêt à définir des règles strictes pour faire converger les exigences de la FRTB avec leur vision de la surveillance des risques.

En effet, les banques sont conscientes qu’elles doivent organiser les activités de back-office et de trading en termes de suivi des processus de capture des transactions, de valorisation, de systèmes d’information, des normes de référence pour les fournisseurs de données internes et externes. L’implication des différentes équipes de la chaîne est nécessaire pour le « Go-live ».

Pour atteindre cette objectif, l’industrie a investi de manière significative pour transformer la structure des systèmes d’informations et construire un cadre cohérent pour la gestion des don- nées. Les exigences FRTB ont été moteur pour la transformation de l’architecture globale, prenant le relais de la réglementation BCBS 239 pour l’auditabilité des données ou de MiFID2 avec l’obligation de transparence en pré-négociation.

Cependant, les développements ne sont pas encore achevés pour la mise en production de l’environnement cible en 2025. Pour la plupart des banques, des budgets sont encore alloués aux systèmes d’information pour assurer la pérennité et la solidité du cadre de la gestion des données et du risque afin de satisfaire l’application prospective de FRTB.

 

2022 à 2025 : l’intégration opérationnelle

En raison de la crise du Covid-19, les autorités ont reporté la date limite de mise en œuvre de l’initiative FRTB du 1er janvier 2022 au 1er janvier 2023. En Europe, par exemple, la mise en œuvre de l’IMA et de l’SA a été divisé en deux phases, les exigences en matière de reporting qui débute fin 2024 et les exigences en matière de capital qui devront suivre l’année suivante.

Les rapports quotidiens, hebdomadaires ou mensuels à la BCE ne sont pas sans douleur pour les banques, qui doivent renforcer les dépenses allouées aux équipes informatiques et aux équipes de gestion des risques pour répondre aux normes de qualité actuelles en matière de suivi des activités de trading. Le « Go-live » nécessite de briser la frontière entre le reporting en mode projet, comme pour les précédentes études QIS (Quantitative Impact Studies), et en mode production. Cette frontière est appelée « intégration opérationnelle ».

La mise en place de cette frontière stratégique ne sera pas sans peine pour les banques qui devront adapter leurs systèmes d’informations de manière à reporter les différents indicateurs risques (VaR / SVaR / suivi des stress tests, QIS, exercices EBA, RENTDs, SIMM, etc.) selon les fréquences exigées : journalière, hebdomadaire et mensuelle.

Les défis à venir vont se focaliser sur l’organisation, les processus et la gestion des données pour produire des rapports quotidiens, hebdomadaires et mensuels sur les risques IMA/SA FRTB. D’où la nécessité d’une stratégie précise d’intégration opérationnelle des banques afin d’implémenter, produire et pérenniser une gestion journalière des processus de risques.

Avec ces changements significatifs à venir pour le secteur, cela constitue une opportunité pour homogénéiser la chaine de la valorisation, les besoins IT (cloud, Azure, mémoire pour le calcul) et d’adopter une méthodologie flexible pour prise en compte des évolutions nécessaires.

Les défis de demain

Les banques doivent rendre compte à la BCE de l’efficacité de la surveillance de leurs activités de trading sur une base annuelle/trimestrielle. La certification actuelle de la VAR est par exemple limitée à 12 exceptions par an, ce qui signifie que les banques ne doivent pas dépasser 12 jours ouvrables sans certification journalière. Les banques devront définir et s’engager à des standards équivalents, pour FRTB-VaR et FRTB-ES, mais les lignes directrices n’ont pas encore été déterminées, que ce soit par le régulateur ou par les équipes d’audit interne des banques.

De plus, étant donné qu’elle met les banques au défi de certifier les risques de façon journalière pour la surveillance de l’activité de trading, la BCE définira sans doute des directives spécifiques liées à la certification quotidienne pour FRTB. La mise en œuvre de ces lignes directrices sera la prochaine étape de FRTB et représentera de nouveaux challenges pour le secteur bancaire en matière de contrôle, de qualité des données et de suivi technique et fonctionnel