Le plan de développement des renouvelables du Maroc
Un article de Philippe Galtier, Directeur général, TNP Maroc, paru dans le livre blanc « Transition énergétique et climatique : quelles stratégies innovantes et quel financement ? «
Depuis le début des années 2000, le Maroc a déployé avec constance une économie verte au service de son développement. Cette volonté place le Maroc en position très favorable par rapport à la transition énergétique et climatique.
Les clés de la transition énergétique
La première raison du développement d’une économie verte porte sur le fait que le Maroc a été pénalisé par l’absence de ressources fossiles sur son territoire. La carence d’hydrocarbures a gêné son développement économique. Et le Maroc a eu la volonté de réduire sa dépendance aux importations d’hydrocarbures.
Pour s’affranchir de cette contrainte, le Maroc a conçu un plan de développement des énergies renouvelables, solaires et éoliennes. Ce plan s’est accompagné de la création d’acteurs gouvernementaux dédiés à sa mise en œuvre. Ainsi, l’agence publique Masen contribue au développement d’installations d’énergies renouvelables, à leur construction, à leur exploitation et à la mobilisation des financements. Le Maroc a su profiter d’un taux d’ensoleillement exceptionnel et de vastes territoires disponibles pour bâtir des infrastructures consacrées aux énergies renouvelables. Ainsi, l’un des plus grands parcs solaires au monde, NooR 1, a été inauguré à Ouarzazate.
La deuxième raison du développement d’une économie verte concerne le commerce extérieur du Maroc. Le premier partenaire commercial du Maroc est l’Union européenne, qui représente environ 70% de ses échanges extérieurs. Or, l’Union européenne impose de plus en plus de contraintes, par exemple en termes de taxonomie verte et de décarbonation des chaînes de valeur.
Le Maroc entend profiter de son avance dans les énergies renouvelables pour devenir un pôle d’excellence et se démarquer de ses compétiteurs en offrant une alternative propre au développement des chaînes d’assemblage.
La troisième raison du développement d’une économie verte est liée au contexte géopolitique et à la conjoncture économique mondiale, qui impactent le prix de l’énergie et l’approvisionne[1]ment des matières premières. L’utilisation des énergies fossiles sera à l’avenir plus compliquée et plus onéreuse.
Dans un contexte d’augmentation des prix de l’énergie, le Maroc dispose d’un avantage compétitif solide. En effet, le prix de l’énergie décarbonée demeure insensible à l’augmentation du prix de l’énergie fossile.
La décarbonation des chaînes de valeur
Les énergies solaires et éoliennes représentent environ 22% du mix énergétique du Maroc, qui a l’ambition de les porter à 52% en 2030. Les énergies renouvelables permettent la fourniture d’une électricité décarbonée à des prix très compétitifs, ce qui représente un avantage dans la fabrication des produits finis.
Pour les pays européens, cet atout renforce l’attrait du Maroc comme alternative crédible aux implantations industrielles plus lointaines et devenues moins sûres à la suite de la pandémie et des risques géopolitiques. L’énergie verte est un argument économique de poids, qui s’ajoute aux qualités de stabilité et de proximité du Maroc par rapport à l’Europe. L’offre d’une énergie verte est un critère important dans le développement des grandes structures industrielles comme, par exemple, la filière automobile. L’objectif du Maroc est de passer du statut d’assembleur à celui de producteur. Les énergies renouvelables renforcent l’attrait du Maroc et l’implantation des capacités industrielles. Le Maroc dispose de nombreux atouts : une proximité géographique, une main d’œuvre compétitive, une énergie peu chère, ainsi qu’une vision en termes de décarbonation et un État structuré et performant. TNP souhaite contribuer à ce projet destiné à monter dans la chaîne de valeur de l’économie marocaine. À titre d’exemple, TNP accompagne les constructeurs automobiles dans l’optimisation du niveau de compétence des personnels. Ainsi, Stellantis a décidé de transformer les chaînes d’approvisionnement pour fluidifier les échanges avec ses fournisseurs.
Le développement de l’Afrique
L’Afrique dispose d’une opportunité exceptionnelle d’être à l’avant-garde de l’économie verte du XXIème siècle et de répondre aux besoins énergétiques croissants du continent. Le potentiel naturel du continent en termes d’énergies renouvelables est considérable. Le développement de ces énergies nécessite l’existence de politiques d’investissement et de structures publiques fortes afin d’orienter les capitaux vers une économie verte, tout en prenant en compte l’intérêt général. Pour financer les programmes d’économie verte, le Maroc a choisi de privilégier les partenariats entre le secteur privé et le secteur public. C’est notamment ce qui explique le succès du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables.