Calculer l’empreinte biodiversité avec pragmatisme

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Un article de Mathieu GROFFE, Consultant chez TNP, paru dans le livre blanc « Comment bâtir un avenir durable ? ».

55 % du PIB mondial dépend directement de la biodiversité (Banque Mondiale, 2022). Autrement dit, perdons la régulation de la qualité de l’eau, la fertilisation des sols, la bio-inspiration ou la pollinisation et le chiffre d’affaires des entreprises est divisé par deux, voire disparait. Préserver et protéger la biodiversité est vital et doit s’intégrer aux stratégies de toutes les organisations certes, mais comment calculer l’empreinte biodiversité à l’échelle d’une entreprise ?

Reconnaître la criticité de la biodiversité

Avant de calculer l’empreinte biodiversité, il faut d’abord comprendre à quel point cette empreinte est cruciale et urgente. La biodiversité se définit tout d’abord comme le système englobant la diversité des espèces (1,9 million), des espaces (trois types d’écosystèmes) et des gènes (trois ordres). Cette biodiversité est vitale : elle rend notamment aux sociétés humaines un total de 18 services écosystémiques fondamentaux au bon fonctionnement de nos économies, tels que le contrôle des pathogènes, la photosynthèse, l’apport en fibres végétaux et la construction identitaire. Néanmoins, la biodiversité, à cause de cinq facteurs de pression (destruction des habitats, surexploitation des ressources, dérèglement climatique, pollutions et espèces exotiques envahissantes) s’érode de plus en plus vite (IPBES, 2019), avec un rythme d’extinction d’espèces 100 fois trop rapide (Rockström J., et al., 2009).

Cette érosion de la biodiversité génère des risques opérationnels mais aussi transitionnels, voire réputationnels et réglementaires, plus ou moins colossaux pour les entreprises selon les secteurs. Afin de pouvoir atténuer ces risques, éviter, réduire et compenser les impacts de leurs activités, les entreprises sont amenées à calculer leur empreinte biodiversité, c’est-à-dire à calculer l’ensemble des impacts de leurs activités sur la biodiversité. Heureusement, plusieurs approches, indicateurs, outils et référentiels performants permettent de calculer l’empreinte biodiversité. Nous en tirons six convictions.

Identifiez vos dépendances et vos impacts 

Pour calculer l’empreinte biodiversité, la première étape consiste à identifier les dépendances et impacts entre l’entreprise et la biodiversité, suivant une logique de double matérialité, sur toute la chaîne de valeur (amont, in situ, aval).

Calculez plutôt que mesurez

L’empreinte biodiversité est en vérité multiple : elle s’exprime sous la forme d’un faisceau d’indicateurs plutôt qu’au travers d’une unique variable. Il s’agit bien d’un calcul et non pas d’une mesure, en ce que l’empreinte biodiversité n’est jamais donnée mais toujours construite par un jeu d’indicateurs qui fait se croiser les enjeux de désartificialisation, de sobriété matières, de décarbonation, de dépollution et de protection des biomes.

Recourez à des proxys et des bases de données 

Une entreprise calculant son empreinte biodiversité doit se résoudre à l’imperfection et raisonner en sélectionnant un lot de proxys, à l’appui de bases de données et à l’échelle des paysages, l’important étant d’obtenir des ordres de grandeur utiles pour décliner son plan d’action. À titre d’exemples pour une industrie agroalimentaire, les proxys de dépendances peuvent être le % du chiffre d’affaires dépendant directement de la production de nourriture et le m3 d’eau consommé de ses 50 produits-phares ; les proxys d’impacts pour une banque d’investissement peuvent être le m2 de surface artificialisée financé et le % de projets financés dans la gestion des forêts et la pêche ayant un label durable. En outre, des bases de données sont exploitables, notamment Globio, le Global Biodiversity Information Facility (GBIF), IBAT, Nature France, Global Forest Watch ou Exiobase.

Utilisez autrement les outils de mesures existants 

Si un calcul d’empreinte artisanal est possible à l’aide d’une méthodologie rigoureuse, de proxy et de bases de données, plusieurs outils de calcul de l’empreinte biodiversité peuvent toutefois être utilisés. L’outil le plus reconnu et robuste sur le marché est sans doute le Global Biodiversity Score (GBS) qui calcule l’empreinte biodiversité des activités d’une entreprise au travers d’un jeu de données monétaires et biophysiques sur Exiobase et Globio. D’autres outils peuvent être également utilisés selon ce que l’entreprise souhaite calculer : le Biodiversity Risk Filter (BRF) et la matrice ENCORE pour une utilisation didactique et gratuite en ligne, le Product Biodiversity Score (PBS) et le Site Biodiversity Score (SBS) pour des analyses à l’échelle d’un produit ou d’un site, l’IIEB pour un décryptage qualitatif rapide, Invest et Co$ting Nature pour chiffrer le capital naturel.

Alignez vos travaux aux référentiels existants 

Force est de constater l’atrophie de la réglementation sur la biodiversité ; les entreprises disposent pour autant de cadres normatifs opérants. Les cadres existants et robustes sont ceux du SBTn au niveau international, de la TNFD en finance, de l’ESRS-E4 de la CSRD au niveau européen et de la démarche EEN au niveau français. L’AFNOR, au travers de la norme NF X32-001 « démarche biodiversité des organisations », a par ailleurs développé une première certification dans l’élaboration d’un plan d’actions biodiversité.

Calculez votre empreinte pour l’exploiter et donner un sens aux données

La donnée qui n’est pas utilisée est inutile ; pour que le calcul d’empreinte biodiversité soit sensé, il faut impérativement intégrer la biodiversité à la stratégie de l’entreprise et décliner un plan d’actions dédié. C’est avec ce souci de l’impact que TNP Consultants vous accompagne dans votre démarche biodiversité de bout en bout et peu importe votre niveau de maturité au travers de son offre « Démarche biodiversité ».

 

Mathieu Groffe Consultant