Cas d’usages et opportunités du métavers pour les banques
Verra-t-on un jour son banquier nous accueillir dans une agence virtuelle au sein du jeu vidéo Fortnite, très populaire auprès de la génération Y et Z, et nous proposer en pleine mission, une offre de prêt immobilier pour acheter une parcelle de terre virtuelle, ou un prêt consommation pour l’achat d’un add-on pour améliorer son expérience du jeu ?
Quelles sont les opportunités liées au métavers pour les banques ?
Les métaverses tirent leur origine de la littérature de science-fiction des années 80/90. Sorte de monde virtuel dans lequel les utilisateurs peuvent se déplacer sous forme d’avatar, vivre des expériences sociales et s’engager dans des relations économiques avec leurs semblables virtuels.
Comment le monde bancaire se prépare à l’émergence de cette nouvelle version de l’internet ?
Un nouvel eldorado pour la banque d’affaires ?
Les analystes de Goldman Sachs, de CITI ou de BlackRock s’accordent à dire que le potentiel de ce marché, qui pèse aujourd’hui près de 300 milliards, serait de plus de 8 000 milliards de dollars d’ici 10 ans. L’intérêt que portent les investisseurs et les marchés financiers sur les achats/ventes de jetons non fongibles, appelés aussi NFT, en est un exemple frappant en 2022.
Intimement liés aux technologies de la Blockchain, ces jetons, sont comme une œuvre d’art : uniques, ou tirés seulement à quelques exemplaires. Ils permettent à ceux qui les détiennent, d’investir dans un objet virtuel – image, photo, animation, vidéo, ou morceau de musique – et de réaliser des plus-values que même Wall Street ne permettrait pas. A l’inverse, les risques de pertes en capital sont eux abyssaux. L’offre de 10 000 dollars lors d’une vente aux enchères du certificat d’authentification NFT du tout premier tweet rédigé par le co-fondateur de Twitter, payé 1 an plus tôt 3 millions de dollars rappelle cruellement aux investisseurs que cette nouvelle mode est non régulée et extrêmement volatile, comme l’est le marché des crypto actifs, autre pilier des métaverses.
Quels enjeux pour la banque au quotidien de madame et monsieur tout le monde ?
Les banques de détail, plutôt en retrait en matière d’innovation, ont été obligées en raison de la pandémie de se réinventer. L’absence d’interactions en agence entre conseillers et clients, ont obligé les banques à s’appuyer davantage sur les initiatives stratégiques de transformation digitale lancées en 2015, comme les agences virtuelles, la visiophonie, les rendez-vous distants, les robots interactifs, etc. Parallèlement à ce phénomène de virtualisation, les banques ont accéléré la restructuration de leur réseau. Cependant, le dogme n’est plus à la seule recherche d’efficacité opérationnelle, mais à la mise en place d’un réseau intégré qui dépasse les frontières physiques, pour mieux servir les clients et capturer leurs nouveaux besoins. Des expérimentations sont à l’œuvre. JP Morgan a récemment annoncé avoir ouvert son salon dans le métavers Decentraland. L’objectif est de créer du lien à l’aide de communautés de clients et de fidéliser ces derniers autours d’offres et services, à l’image des communautés du métavers.
Autre banque, autre initiative. En Corée du Sud, Kookmin Bank offre la possibilité d’effectuer des entretiens individuels avec l’avatar de leur conseiller, dans les bureaux d’une agence virtuelle. L’objectif est d’optimiser le temps commercial des conseillers « humains », désormais affectés à la gestion des clients à fort potentiel, en transférant à leur « jumeau digital » la gestion des affaires courantes. Autres gains escomptés : des horaires élargis pour ne plus perdre d’opportunités de transformation commerciale, dans un monde où le rythme du travail a profondément évolué post pandémie vers un modèle à la carte.
Quelles menaces pèsent sur les banques ?
Les initiatives sont encore timides et ne révolutionnent pas l’expérience de la banque au quotidien. Les métaverses les plus structurés, avec une assise financière, des partenariats solides, ainsi qu’une architecture interopérable pourraient détrôner les banques. Ces dernières deviendraient de simples agents de second plan sans aucun accès au client final. Le client serait la propriété des métaverses. La banque de réseau pourrait perdre tout ce qu’elle a construit en 30 ans autour de l’expérience client si elle ne refonde pas son modèle production/distribution. Le Crédit Agricole ou la Société Générale ont été précurseurs en séparant la distribution et la production de services à destination des plateformes. Les banques doivent repousser plus encore les limites du modèle pour ne pas être distancées par de nouveaux entrants. Kard – néobanque pour adolescents – a investi le métavers the Sandbox en achetant une parcelle de terre virtuelle. Objectif : imprimer auprès de sa clientèle sa volonté d’accompagner leur futur projet et devenir leur banque de référence dans les deux mondes (métavers et réel).
La mutation des métiers de la banque de demain, un facteur clé de succès dans les métaverses ?
Afin de tirer parti des opportunités offertes par le métavers, les banques traditionnelles, ou de nouvelle génération, ne pourront pas faire l’impasse sur la montée en compétence technique et fonctionnelle de leurs équipes. Les banques vont devoir peu à peu se réinventer en entreprises avant tout technologiques. L’implication des dirigeants est là encore déterminante tout comme elle a été décisive lors des transformations digitales précédentes. Ils doivent être convaincus au-delà des ambitions business, de la capacité du métavers à rassembler les individus, à favoriser l’engagement collaboratif et à développer un sentiment d’appartenance. La banque se doit de devenir un acteur clé dans ces univers virtuels, et se poser en véritable partenaire crédible comme elle l’est dans le monde réel, pour ne pas disparaître.
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