French Tech : de l’incertitude sous le sapin
Après des années florissantes, l’écosystème de la French Tech est confronté à une crise majeure depuis 2023, marquée par une vague de faillites de start-ups matures. Cette situation a pour causes principalement la hausse des taux d’intérêt et l’instabilité économique mondiale qui ont provoqué une contraction sévère des financements tech (-38 % en 2023). Les difficultés gouvernementales de l’année n’ont pas non plus amélioré la situation.
La santé, l’alimentation et le e-commerce ont été les domaines les plus touchés, face aux domaines de l’énergie et de l’environnement qui ont mieux résisté grâce à l’intérêt continu des investisseurs. Globalement, le secteur reste résilient : le chiffre d’affaires global des start-ups a progressé de 18,6 % en 2023, avec une création nette de 4 800 emplois sur l’année. Et bien que les faillites pourraient atteindre un nouveau record en 2024, des signes de stabilisation apparaissent avec la diminution du nombre de défaillances par trimestre en début d’année. Le secteur continue de croître, mais à un rythme plus modéré.
Et d’autant plus modéré qu’une réduction des soutiens fiscaux à l’innovation était prévue par le Gouvernement Barnier. Parmi les dispositifs visés, le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), essentiel pour 4 500 entreprises, devait voir ses critères renforcés : les dépenses en R&D devaient atteindre 20 % du total, contre 15 % auparavant. Ce durcissement aurait pu exclure environ 1 000 start-ups, menaçant des emplois et des financements. Les économies estimées entre 50 à 100 millions d’euros reflètent une tension entre impératifs budgétaires et besoin de soutien à l’écosystème tech, un pilier de la fameuse « start-up nation ». Peut-être que le prochain gouvernement reverra ses objectifs en la matière.
Si le soutien fiscal se fait moins accessible, les opportunités de se développer avec le soutien de l’Etat n’ont pas complètement disparu non plus. Le 18 novembre dernier, la secrétaire d’Etat chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique Clara Chappaz a révélé les 12 lauréats du troisième appel à projets « Développement des technologies innovantes critiques », axé sur la cybersécurité (vous pouvez vérifier ici l’état de votre candidature). La quatrième édition de l’initiative dotée d’un financement de 25 millions d’euros cible cette fois-ci la sécurisation des données stockées, transmises ou calculées, en se concentrant sur des secteurs clés comme le cloud, le quantique et l’intelligence artificielle. Depuis 2021, la stratégie nationale de cybersécurité de France 2030 vise à renforcer la souveraineté technologique française et à développer une filière économique compétitive dans ce secteur clé.
Reste à savoir si la destitution du Premier ministre et le flou budgétaire pour l’année prochaine ne feront pas figures d’épouvantails pour les investisseurs. Si tel était le cas, le nombre d’appels à projets devrait drastiquement augmenter pour soutenir toute les jeunes pousses et autres entreprises innovantes qui souhaitent et méritent de l’être.
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