Le numérique se décarbonise

L’empreinte physique du numérique commence à soulever de sérieux enjeux environnementaux et les data centers posent toujours autant de questions sur leur consommation électrique comme leur capacité de refroidissement. Des solutions plus ou moins innovantes émergent pour répondre à ces questions, de Google à Denv-R, une start-up nantaise.

La société américaine s’apprête à miser gros sur l’atome pour décarboner l’électricité qui alimente ses data centers avec la commande d’au moins six mini-réacteurs nucléaires, “small modular reactors” (SMR). Google vise la production de 500 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation de Bordeaux pendant un an, pour remplir son objectif de neutralité carbone que la société s’est fixée pour 2030.

Avec cette commande auprès de Kairos Power, une start-up développant les SMR de nouvelles générations, Google poursuit la voie initiée par ses principaux concurrents sur le courant, Microsoft et Amazon. La seconde a installé un site d’hébergement près d’une centrale nucléaire pour faciliter l’approvisionnement, quand la première a simplement décidé de relancer le site historique de Three Mile Island, connu pour un accident nucléaire le 28 mars 1979 et arrêtée depuis 2019.

Quand les GAFAM cherchent à assurer leur approvisionnement en électricité bas carbone pour les prochaines décennies, d’autres cherchent à optimiser l’efficacité des centres de données.

La Loire nantaise accueille depuis quelques jours le premier data center flottant en Europe qui réinvente le stockage de données. Installé depuis le 25 septembre au sud de l’île de Nantes (Loire-Atlantique), quai Wilson, ce prototype a été conçu par la start-up guérandaise Denv-R, spécialisée dans les technologies de cloud.

Ce data center flottant, d’une puissance maximale de 200 kilowatts fonctionne à l’énergie solaire et utilise un système de refroidissement ultra-efficace, préservant ainsi les ressources naturelles. L’idée est de récupérer les frigories d’un cours d’eau pour abaisser la température du centre de données via un système en circuit fermé, sans pompage de l’eau ou recours à un système de climatisation.

Ce procédé permettrait « d’abaisser de 40 % la consommation énergétique et de 40 % les émissions de CO2 ». Son empreinte écologique serait ainsi quasi nulle, une première dans un secteur pourtant gourmand en énergie. La taille du data center est volontairement réduite, afin de permettre à l’appareil d’opérer en centre-ville, au plus proche des utilisateurs.

La France n’est pas pionnière en la matière puisqu’une société américaine, Nautilius Data Technologies, a déjà développé un prototype en Californie. Celui-ci ne parvient pas aux mêmes performances écologiques que le français puisque l’eau est pompée pour son refroidissement. Cette innovation pourrait redéfinir le contour des possibles écologiques pour la construction de data center à venir.

Ces innovations viennent jeter l’ancre d’une nouvelle ère du numérique, parvenant, on l’espère, à concilier écologie, innovation et numérique à long terme. Microsoft qui entend construire un data center près de Dunkerque, s’inspira-t-il des mariligériens en installant un data center immergé en mer du Nord ?

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Vincent Lemoine Consultant Data Gouvernance
Rédaction DDET Data Gouvernance