Pour être rentables, les entreprises doivent être durables
Un article de Cecile Cabanis, Directrice générale adjointe, Tikehau Capital, paru dans le livre blanc « Crise énergétique et climatique : quelles stratégies innovantes ? »
3000 jours pour agir. C’est le temps qu’il reste avant d’avoir épuisé le crédit carbone de la planète et de basculer dans un nouveau monde où l’hospitalité terrestre sera profondément et irréversiblement abîmée. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savions pas, nous devons agir.
L’enjeu est colossal, les choix sont stratégiques et les investissements nécessaires d’envergure mais réalisables. Seules l’action commune, les forces conjointes, les solutions collectives permettront de faire face à cet enjeu mondial. Créer les ponts entre le plus grand nombre d’acteurs pour envisager des solutions lucides et réalistes est incontournable. Les ponts, justement, c’est ce que nous créons depuis notre origine au sein de Tikehau Capital. Entre l’épargne et l’investissement, entre l’épargnant et l’entrepreneur, entre le marché et les marchés, entre le privé et le public.
Tikehau Capital est un groupe mondial de gestion d’actifs fondé en 2004 par deux entrepreneurs de la finance, Antoine Flamarion et Mathieu Chabran. Tikehau Capital dispose aujourd’hui de plus de 34 milliards d’euros d’actifs sous gestion et compte environ 700 collaborateurs répartis dans 12 pays, sur trois continents.
Le groupe s’appuie sur sa culture entrepreneuriale et son agilité pour anticiper les besoins de demain et accompagner les entreprises dans leur transition en leur proposant des solutions financières adaptées. À la seule échelle de Tikehau Capital, plus d’1,5 milliard d’euros ont été déployés au cours des dix dernières années en faveur du climat au travers de ses stratégies de capital-investissement, de dette privée, d’actifs réels et de marchés de capitaux. Pour maximiser l’impact de ses actions, Tikehau Capital s’associe avec des partenaires sur des thématiques. Ainsi, le groupe a créé en 2018 le plus grand fonds européen de transition énergétique avec TotalEnergies. Le fonds a levé plus d’un milliard d’euros en 2021 et a déjà réalisé 10 investissements dans des PME et des ETI en Europe qui apportent une réponse à l’urgence climatique et qui contribuent à la transition vers une économie bas carbone. Ces sociétés opèrent dans les secteurs de la production d’énergies propres, de l’efficience énergétique, de la mobilité bas carbone. Au-delà des chiffres, c’est la sélection d’entreprises en mesure de changer la tendance qui fera la différence. Je peux citer pour exemple des entreprises que nous soutenons dans notre fonds de transition énergétique : celles qui développent à l’échelle des solutions d’efficacité énergétique, à l’image de GreenYellow ou de CETIH, celles qui font croître l’offre d’énergies renouvelables, comme Amarenco ou Enso, et celles qui permettent dès aujourd’hui des activités à faible émission de carbone, telles que Valgo ou Eurogroup.
Le défi de la décarbonation
Il reste moins de 3 000 jours d’ici à l’échéance de 2030 définie par la Commission européenne pour diminuer les émissions de carbone de 55%. Pour que les entreprises soient prêtes à l’échéance fixée, la solution passe par des actions innovantes et des partenariats. Nous savons qu’il faut réallouer 3 % de l’épargne mondiale vers les énergies propres, par an pour créer le changement systémique nécessaire. La finance a une responsabilité énorme dans la capacité à opérer ce changement.
Comment aider les entreprises à se concentrer sur leur enjeu principal ? Quelle partie de leur chaîne de valeur est la plus impactée par la transition énergétique ? Comment intégrer la finance pour éclairer le choix des entreprises et les aider à se concentrer là où se trouve l’impact majeur de leurs chaînes de valeur ?
Dans le cadre de l’alliance financière de Glasgow pour le net zéro (GFANZ), des investisseurs représentant plus de 130000 milliards de dollars d’actifs se sont engagés à financer la décarbonation d’ici à 2050. C’est la première fois qu’un chiffre annoncé est cohérent avec les 4000 milliards de dollars d’investissement par an estimés nécessaires par l’Agence internationale de l’énergie. Le monde de la finance s’est donc mis en ordre de marche pour réorienter l’épargne mondiale vers des actions de décarbonation de l’économie réelle.
Chez Tikehau Capital, nous sommes convaincus que la définition d’une stratégie d’investissement responsable est essentielle pour créer de la valeur durable pour l’ensemble de nos parties prenantes. Pour être rentables, les entreprises doivent être durables. Et nous devons les accompagner.
Le défi de la transition
La transition a un coût. Et la résurgence de l’inflation que l’on constate depuis quelques mois est probablement en partie liée aux surcoûts induits par la transition vers une économie moins carbonée. Par exemple, le coût d’une voiture électrique est environ 30% plus cher qu’une voiture thermique. Nous savons que la transition se fera avec des surcoûts sur l’ensemble de la chaîne de valeur : coûts de recherche pour développer des innovations et technologies pertinentes, investissements et amortissements additionnels…
La transition énergétique ne peut pas se réaliser sans prendre en compte l’horizon de temps car elle a vocation à créer de la valeur dans la durée, pour toutes les parties. Si on regarde la chaîne alimentaire, le système que nous avons bâti a entraîné l’épuisement des sols, la perte de biodiversité et l’apparition de nouvelles maladies. Donc le changement de paradigme, ici l’agriculture régénératrice, est une nécessité absolue. Il n’est plus question de pourquoi mais de comment.
Les approches collectives incluant les acteurs des chaînes de valeur, la finance et les politiques publiques doivent être encouragées et favorisées. Nous devons accompagner les équipes dirigeantes, définir des outils de mesure, évaluer le niveau d’impact et prendre en compte l’écosystème. Seules les actions collectives, avec des priorités et des objectifs clairs, permettront cette transition.