Simplification réglementaire : investissements et relance économique
Un article de Olivier Galvada Directeur Général, Crédit Agricole Île-de-France, paru dans le livre blanc « Comment relancer une économie durable ? »
L’approche de la transition énergétique ne doit pas être dogmatique. Face au « big bang » réglementaire de la finance durable et aux nouvelles obligations relatives aux critères ESG, les banques doivent être pragmatiques pour accompagner au mieux leurs clients.
Chacun a pris conscience que les entreprises qui ne seront pas vertueuses risquent d’être boycottées par les consommateurs. Le groupe Crédit Agricole a pris des engagements précis en matière de décarbonation. Et la plupart des grandes banques françaises ont adapté leur stratégie de sortie du charbon afin de se mettre en conformité avec la promesse faite par la place financière de Paris en juillet 2019.
L’analyse comptable des entreprises financées par les banques n’est plus suffisante. Les banques doivent prendre en compte les critères sociaux et environnementaux dans l’analyse des risques des entreprises qu’elles financent. Le Crédit Agricole Île-de-France s’est engagé à rendre 100 % ESG tous ses nouveaux placements et va mettre en place une cotation extra-financière et une évaluation de la transition énergétique des entreprises que l’établissement finance.
Une approche durable auprès des entreprises
Les banques ont un rôle important pour accompagner les entreprises dans leur transition énergétique. Elles peuvent proposer des services d’audit en matière de décarbonation, d’impact de la taxe carbone, de recherche d’aides financières… dans le cadre des projets d’investissement qu’elles financent. Elles réfléchissent à la manière dont elles peuvent aider plus particulièrement les ETI et les PME, qui ont davantage de difficultés à se décarboner. Elles ont l’opportunité d’analyser les entreprises clientes, d’intégrer la dimension prospective dans le cadre de l’évolution de leur mix énergétique, et de faire évoluer leurs « business models ». Crédit Agricole Ile-de-France encourage les entreprises à opérer leur transition énergétique et à se doter d’une politique RSE en leur accordant un bonus lorsqu’elles atteignent un certain résultat.
Une approche durable auprès des particuliers
Crédit Agricole Île-de-France propose d’aider les particuliers qui souhaitent acheter un bien immobilier à évoluer dans la mosaïque des normes et des obligations relatives à la transition énergétique. Face à la complexité des démarches, le conseil à l’achat d’un bien immobilier avec un volet énergie a une vraie valeur pour les clients.
Les enjeux de la simplification réglementaire
Le poids de la réglementation fait partie du métier de la banque et a naturellement un impact sur ses coûts. À titre d’exemple, la réforme de Bâle3 ne sera pas neutre pour les banques, notamment dans le domaine du crédit immobilier, malgré sa mise en œuvre progressive entre 2023 et 2028. Nombre d’établissements financiers rencontrent des difficultés car ils n’ont pas suffisamment investi dans les technologies digitales, et notamment le traitement de la data. Les obligations réglementaires doivent être traitées avec un maximum d’efficacité et un minimum de coûts. Pour répondre à ces contraintes, les banques doivent investir dans les moyens nécessaires en termes d’automatisation, d’intelligence artificielle, de gestion des données… En effet, il existe des pistes importantes pour alléger les lourdeurs des processus réglementaires.
La relance de l’économie
Rien ne laisse présager un « mur des faillites » pour les entreprises, même si le nombre de défaillances sera plus important en 2022 que lors des deux précédentes années. Les aides de l’État accordées aux entreprises avec le concours des banques ont été très efficaces. Le système bancaire français est solide et les résultats des établissements financiers sont positifs. N’oublions pas que les banques françaises réalisent environ les trois quarts des résultats des banques européennes.
La sortie de crise devrait être marquée par une puissante vague de consommation mais il est difficile de savoir si elle sera durable. Toutefois, les perspectives à moyen terme sont positives. En Île-de-France, la croissance sera dynamisée par la construction du Grand Paris d’ici à 2028. La vie des franciliens en sera bouleversée. Les nouvelles infrastructures liées à ce projet seront décisives pour attirer des entreprises internationales à Paris.