Trains autonomes : le futur à grande vitesse
L’heure est à la technologie des véhicules autonomes. Après la voiture autonome et le métro automatisé dans certaines grandes villes françaises, l’arrivée des trains autonomes est imminente. La SNCF se lance dans un projet ambitieux d’automatisation de ses trains.
UN SAUT TECHNOLOGIQUE
Pour relever ce défi et pouvoir proposer des trains autonomes téléguidés, l’entreprise ferroviaire noue des partenariats avec Alstom, Thalès ou encore le CNES (Centre national d’études spatiales). Contrairement aux métros automatiques, les trains ne circulent pas sur des voies fermées. La complexité des technologies à développer est donc d’autant plus grande. Un train autonome doit être capable de savoir où il est, ce qu’il y a devant lui, et s’il doit avancer ou non. Pour cela, ces trains du futur seront dotés d’une multitude de capteurs, de radars (pour la détection d’obstacles) ou encore de caméras embarquées, et ils seront pilotés à distance depuis un centre de contrôle. La technologie radar est prometteuse pour les trains autonomes car elle permet de détecter les obstacles ou les autres trains, et elle peut également être utilisée pour le positionnement grâce à des balises placées entre les voies. Les radars sont cependant moins efficaces pour la détection de personnes. Par ailleurs, la collaboration avec le CNES permettra de s’appuyer sur un GPS de pointe capable de localiser et diriger un train avec une précision de l’ordre de quelques centimètres. La précision de la géolocalisation est un des enjeux majeurs de l’automatisation ferroviaire sur voies ouvertes. L’utilisation du satellite permettra également de gérer la signalisation et à terme de supprimer les installations le long des voies, synonyme de réduction des coûts d’exploitation. La SNCF souligne cependant qu’un conducteur sera toujours présent à bord afin de pouvoir intervenir en cas de besoin, du moins pour le transport de voyageurs.
UN PROJET À LONG TERME
Des tests ont récemment été lancés sur la ligne reliant Toulouse à Rodez avec des rames expérimentales. D’ici 2019, d’autres expérimentations avec un train de fret télécommandé seront lancées. L’objectif pour 2021 est d’automatiser certaines manœuvres des trains de fret et des TER telles que le retour au dépôt d’une rame en l’absence de conducteur. Les voyageurs seront concernés par de tels changements à l’horizon 2022 avec le prolongement de la ligne E du RER, qui sera semi-autonome entre Nanterre et Rosa-Parks (19ème arrondissement de Paris). Ce sera une première sur le réseau ferré national. L’arrivée des TGV semi-autonomes est quant à elle prévue courant 2023. A l’international, la première étape vers un réseau ferroviaire totalement autonome a déjà été franchie puisque la société minière Rio Tinto a offert au monde son premier train totalement autonome. Un train a en effet parcouru près de cent kilomètres à l’ouest de l’Australie, sans personne à bord.
DES OBJECTIFS AMBITIEUX
Les enjeux d’un tel projet sont importants pour la SNCF. Automatiser ses trains permet d’une part de poursuivre la hausse de l’offre dans les zones les plus denses, et d’autre part de gagner en souplesse d’exploitation. Comme le souligne le président de la SNCF Guillaume Pepy, l’automatisation permet d’optimiser la vitesse de circulation des trains et ainsi mieux utiliser le réseau existant en augmentant la capacité des lignes. Par exemple, les TGV semi-autonomes sur la ligne Paris-Lyon permettraient d’augmenter de 25% le nombre de trains sur cette ligne. A l’instar de la voiture autonome, la prochaine étape serait de doter le train d’une capacité de calcul, afin qu’il puisse prendre des décisions lui-même. Le secteur ferroviaire est enclin à de nombreuses innovations, la révolution a commencé.