Transporter les produits avec des modalités de prise en charge et de livraison très différenciées
Un article de Stéphane Cassagne directeur général distribution & express, Geodis et Philippe de Carné directeur général business development, innovation, Geodis, paru dans le livre blanc « Les défis de la supply chain »
Le pilotage d’une supply chain multi-canal
L’omnicanalité impose de répondre aux nouvelles exigences du marché et des clients. Il existe désormais une multitude de types de livraisons. C’est pourquoi nous devons être capables de transporter les produits avec des modalités de prise en charge et de livraison très différenciées.
Auparavant, les livraisons étaient essentiellement effectuées en mode BtoB. Aujourd’hui, elles sont protéiformes et en mode BtoC. De nouveaux types de distribution se sont imposées : la livraison en direct aux particuliers, la livraison dans les magasins, le « drive on line »… Les transporteurs chargent les produits dans des entrepôts ou dans des magasins pour les acheminer chez des particuliers ou dans d’autres points de vente.
Le modèle BtoC entraine de profonds changements. L’administration de la livraison a pris une grande importance. Nous ne pouvons plus uniquement nous contenter de considérer le client chargeur. Nous devons également adresser le destinataire. Nous devons lui pousser des informations, savoir à quel moment il souhaite être livré, lui confirmer la plage de livraison la veille, puis quelques minutes avant la livraison, et lui soumettre un questionnaire d’appréciation après la livraison. L’expérience client et la qualité de service doivent satisfaire à la fois le client et le destinataire de la livraison.
Toutefois, la mutation n’est pas terminée. Geodis réfléchit à de nouvelles solutions de livraison collaborative. En effet, le taux de colis non livrés, qui était très bas à l’acmé de la crise sanitaire, a beaucoup progressé par la suite. Ces solutions peuvent passer par des livraisons plus étendues, notamment dans la tranche horaire de 20 à 22 heures, par le développement de solutions impliquant des voisins destinataires, par le recours à des partenaires locaux spécialistes du last mile.
Le temps de la supply chain fermée est révolu. Un groupe comme Geodis est de moins en moins un transporteur et de plus en plus un intégrateur au sein d’un écosystème. Geodis cherche à développer la livraison collaborative en s’appuyant sur les ressources de l’écosystème, sur une myriade d’acteurs locaux et sur des solutions sur mesure adaptées au contexte local.
L’ouverture de la supply chain induit une participation active des points de contact, l’échange d’informations en temps réel, une meilleure visibilité des stocks, de meilleures plages de livraison, le recours à des solutions technologiques, la disponibilité des informations pour prendre les bonnes décisions, l’opportunité de collaborer avec d’autres partenaires.
L’impact de l’IA sur la supply chain
Il existe désormais des algorithmes puissants qui permettent l’ordonnancement optimum des tournées de distribution, l’insertion de nouveaux points de collecte pendant une tour[1]née, l’utilisation de solutions de géolocalisation… Ils offrent l’opportunité d’améliorer les prévisions et d’adapter les moyens nécessaires. Cependant, l’utilisation des algorithmes d’intelligence artificielle amène deux convictions.
D’abord, les algorithmes sont très performants. Ils facilitent une optimisation en temps réel des plans de transport et offrent une forte amélioration en termes de qualité et d’allo[1]cation des moyens. Ensuite, la collecte des données indispensables au fonctionnement des algorithmes nécessite une telle débauche d’énergie que le rapport coût / efficacité se révèle le plus souvent insatisfaisant. En effet, la collecte, le nettoyage, l’enrichissement des données sont des tâches lourdes et complexes. Malgré des progrès technologiques spectaculaires, les entreprises butent toujours sur la qualité de la prévision. Le processus de gestion des informations est tellement compliqué que bien des entreprises préfèrent, pour le moment, tolérer une qualité de service moins parfaite.
Les contraintes environnementales
Les livraisons à l’intérieur des centres urbains ont beaucoup progressé du fait de l’explosion du commerce en ligne. Mais les contraintes et les restrictions de circulation pour les véhicules thermiques se sont également beaucoup renforcées.
L’objectif de Geodis est de décarboner toutes ses livraisons dans les centres villes de 35 métropoles françaises d’ici à 2024 Pour atteindre ce but, l’entreprise a décidé de modifier l’ensemble de son parc de véhicules de livraison en privilégiant le biogaz et l’électrique.
Cependant, Geodis se heurte à plusieurs types d’obstacles. La première difficulté porte sur l’importance des investissements en infrastructures à réaliser, notamment pour les bornes électriques. La deuxième difficulté concerne la capacité des constructeurs à suivre la cadence de fabrication des véhicules électriques et au biogaz.
La troisième difficulté est liée, dans certaines zones géographiques, au manque d’installations de distribution de biogaz. Les collectivités locales devraient faciliter l’aménagement d’espaces permettant aux opérateurs de traiter les livraisons dans les centres urbains et réserver davantage de place pour la logistique à proximité de ceux-ci.
En synthèse, les transporteurs exercent de plus en plus une fonction d’organisateur reposant sur leur niveau d’expertise élevé. Ils construisent des relations de long terme avec les sous-traitants afin de garantir les demandes des clients et un haut niveau de qualité de service. Et ils investissent massivement pour accompagner la transition énergétique et se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations